Elle :
La fille « bleue ». Sahar Khodayari, vingt-neuf ans, licenciée en informatique, supporter de l’équipe de football Esteqlal, brûlée au troisième degré, décédée à l’hôpital le 9 septembre 2019. Elle s’est immolée devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran. Son délit : avoir voulu assister au match de foot de son équipe par effraction, déguisée en homme. Sahar (Aube) le « martyr du foot iranien » ou l’une des innombrables victimes de la ségrégation sexiste qui sévit depuis plus de quarante ans en République Islamique d’Iran ? Fallait-il qu’une jeune femme meure pour que les portes du stade Azadi, Liberté, s’ouvrent aux femmes ?
Elle :
Nasserine Sotoudeh, l’admirable avocate iranienne, devenue le symbole par excellence de la lutte contre toutes les ségrégations. Nasserine passe le clair de son temps en prison mais ne cède ni aux intimidations, ni aux chantages du pouvoir. Elle dénonce, sans relâche, de sa cellule, les violations des droits humains, défend les libertés – individuelles, d’expression, de l’enfant, des prisonniers… Quitte à rallonger sa peine d’emprisonnement : trente-huit ans plus cent quarante coups de fouet.
Elle : Fariba Adelkhah, chercheuse irano-française arrêtée et emprisonnée sans aucune charge et pour des raisons obscures et inacceptables.
Elles :
Les mères du parc Laleh, celles des Neda et des Sohrab, victimes de la répression de 2009, celles des disparus des manifestations en chaîne qui ont secoué le pays en 2017, celles des innombrables prisonniers politiques incarcérés à travers le pays.
Elles : Ouvrières, enseignantes, porte-parole féminines des syndicats, systématiquement réprimées lors des manifestations pacifiques.
Elles : Les fillettes de rue, marchandes de quatre saisons dénommées enfants de travail qui « gagnent leur vie » en courant la ville, bras chargés de pacotilles !
Elles : Les quelques députées de l’assemblée islamique qui dénoncent ces injustices dans l’hémicycle…
Un jour Elles seront unies… Ce que chante pour nous toutes un chanteur féministe iranien.
« Nous sommes la génération du cri… En prison depuis un siècle… Bafouées, ensanglantées… Nous nous tenons par la main… Car nous savons que la fin de l’histoire est la liberté…. »